Déjà paru en janvier 2022. Aujourd’hui encore cet article fait sens pour moi, aussi je le republie.

« LIBERTÉ DE CONSCIENCE »    –   OBJECTION DE CONSCIENCE

ou

Y a t il un « risque » à partager ses « opinions et son idéologie » sur son profil professionnel ?*

Voilà le type de question que me posent certains coachs en MP sur Linkedin. Peut être que s’agissant de coachs s’adressant à un autre #coach et #superviseur de coach la question est posée de façon particulière.

Cette question :

– d’autres Superviseurs ont eu à y répondre déjà ici sur Linkedin, réseau professionnel,

– est au centre d’une réflexion au sein de ma fédération professionnelle ( @EMCC France – voir programme des Rencontres de professionnalisation des Superviseurs – thème le « rôle sociétal du Superviseur ») qui nous amène à nous demander dans quelle mesure notre métier nous incite / interdit à dire/ne pas dire, et, si la décision est de dire, jusqu’où dire, comment et pourquoi ?

Pour l’instant la réponse est à trouver par chaque professionnel qui y est confronté (Coach et/ou Superviseur) et elle est à travailler en supervision, et la réflexion « institutionnelle » métier est en cours non seulement au niveau France mais aussi international ( @EMCC Global).

Les éléments de réponse ne sont pas à chercher uniquement dans l’expérience et la « maîtrise » du geste professionnel, mais également dans la capacité à être dans une pratique réflexive, dans le rapport à l’éthique et dans l’identification des « zones de vigilance » (points aveugles, processus parallèles, mécanismes de défense,…).

Mais si Linkedin est son réseau « professionnel », le Coach/Superviseur peut y aborder des questions qu’il se pose dans le cadre de sa profession, justement.

La question* évoque le « partage d’opinions et d’une idéologie » …

Opinion et idéologie ne sont pas à mettre sur le même plan.

·     Exprimer une opinion sur un réseau professionnel ?

– Définition de OPINION: « idée ou ensemble des idées que l’on a, dans un domaine déterminé ». Du coup je suis tentée de revendiquer le droit d’avoir des opinions ; j’y vois un indicateur d’autonomie, voire d’une certaine « santé mentale ».

– Exprimer une opinion, oui/non ? Y a t il des conditions ? Exprimer une opinion qui m’est personnelle c’est dire quelque chose de moi. Que ce soit en tant que Coach ou Superviseur, je suis mon principal « outil » et mes clients/prospects ont besoin de savoir à qui « ils ont affaire », c’est mon engagement à la transparence. Il s’agit bien plus d’être attentif au « comment » : mots choisis, moment, support utilisé, …

– Du coup, se repose la question du choix du réseau professionnel : je réponds que je n’ai pas de problème à me montrer à mes clients/prospects telle que je suis et que j’ai toute confiance dans leur capacité à décider en responsabilité avant de choisir leur Coach /Superviseur.

 

·     Exprimer une idéologie ? Et quel lien entre opinion et idéologie ?

– Définition de IDÉOLOGIE : ensemble d’idées, de pensées philosophiques, sociales, politiques, morales, religieuses, propre à un groupe, ou à une époque.

– Les opinions sont constituantes d’une idéologie avec les idées et les croyances ; ensemble elles forment une doctrine pouvant influencer des comportements individuels ou collectifs. Toute doctrine n’est pas politique en ce sens qu’elle ne vise pas à proposer une représentation du monde,  unique et cohérente, proposant une explication à accepter sans réflexion critique. L’idéologie peut conduire à une perception faussée de la « réalité » sociale, économique et politique, visant à servir les intérêts de celui qui l’exprime (K Marx).

– Un réseau dont le but est de créer des liens professionnels n’a pas à être le lieu de messages visant à imposer une vision plutôt qu’une autre. Il y a donc là une vigilance à avoir sur la façon de communiquer et, de s’assurer qu’il s’agit d’exprimer une vision du monde dans un but de partage sans volonté de convaincre, d’influencer, ou de dénigrer, où est le problème ?

– Si ce faisant, je « dévoile » à quel « groupe » de pensée j’appartiens, là aussi quel est le problème ? …Sauf si la personne qui se pose la question* (voir titre) sous entend, sans peut être en être consciente, que plusieurs visions ne peuvent coexister, ou qu’il y a une vision prédominante qui ne laisse pas de place et de légitimité aux autres…

La question* évoque l’impact sur l’activité, certainement en référence à un volume d’affaire et un CA.

Quelquefois les clients ont une représentation où « professionnel » et « non professionnel » seraient ou devraient être séparés et indépendants. En s’exprimant sur un compte professionnel il faudrait s’adresser au « professionnel » et pas au « non professionnel ». Or mon cadre de référence de Coach et de Superviseur me permet de travailler sur la complexité. Nous évoluons dans un environnement complexe, les organisations sont des systèmes qui ont à gérer la complexité tant à l’extérieur qu’à l’intérieur et les personnes elles-mêmes portent leur propre complexité dans ces systèmes complexes.

Le monde de la complexité ne peut s’appréhender avec une vision dichotomique, une logique du OU mais bien au contraire un accueil de la globalité et une logique du ET.

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Mon métier ne consiste pas selon moi à accompagner des personnes/groupes sur le plan du professionnel sans tenir compte du personnel (mais rappelons que coaching et supervision ne sont pas thérapie). J’accueille, j’écoute, je regarde la globalité, et chaque personne est impactée par ce qui se passe à différents niveaux d’identité «en même temps» : personnel, familial, psychologique conscient, managérial, professionnel, organisationnel, confessionnel, … Moi-même, de la même façon, je suis Coach, Superviseur, Mère, Citoyenne, …Je considère qu’en postant un message, avec toutes les précisions de forme que j’y mets à chaque fois, je suis dans l’expression de la professionnelle que je suis, un peu comme si je faisais du « personal branding ». Je ne sais pas calculer l’impact que cela a eu et aura sur mon CA, mais je n’ai pas peur que cela ait un effet négatif.

Conclusion

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Je n’ai pas (encore) subi d’effets négatifs suite à une communication sur Linkedin, sauf à considérer que certains peut être « n’en pensent pas moins » mais ne s’expriment pas. La vraie question est la question du CHOIX et de la capacité que je me donne à faire des choix et en assumer les conséquences.

Quand je publie, il y a l’envie de partager quelque chose qui me touche, m’interpelle, m’intéresse ; le choix que je fais est guidé par l’envie (besoin) d’être en lien, et de prendre ma place dans un collectif qui va bien au delà de ma famille professionnelle .

Mais sur certains sujets, mon choix est guidé par quelque chose de plus réflexif, tourné vers moi : une petite voix interne (l’intuition ?) qui m’encourage mais qui peut aussi, d’une certaine manière, m’imposer le silence.

Dans ce dernier cas, c’est mon être conscient qui s’exprime, quand ma conscience a besoin de trouver un espace pour s’exprimer en liberté. Et il s’agirait là de « LIBERTÉ DE CONSCIENCE », ou d’ OBJECTION DE CONSCIENCE , principe qui repose sur la conviction que nous avons chacun une conscience toujours capable de repérer lorsqu’un principe « fondamental » est atteint et que nous pouvons ressentir une obligation à le dire, dénoncer voire désobéir.

Merci à celles et ceux qui me lisent ; n’hésitez pas à réagir.

Sur le même thème, voir mon article publié le 4 aôut 2021 « DIRE ou NE PAS DIRE ? PENSER et NE RIEN DIRE ou PENSER et PARTAGER ? https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6828633586158051328/