Notes issues d’un échange avec un groupe de Coachs/Superviseurs sur Opportunités/Risques/ »Stratégies » face à l’IA dans une réunion organisée par E.M.C.C. – Commission Supervision (4 avril 2023).

Mes collègues sont assez enthousiastes, pour ne pas dire impatients, de voir arriver dans nos séances l’IA, sous forme d’assistant personnel, auprès du superviseur, du coach supervisé, voire du client.

– Possibilité de bénéficier des « compétences complémentaires » de l’IA (mémorisation des données, accès à de nouvelles connaissances, vitesse de traitement), d’augmenter la valeur ajoutée des interventions qui seront, du coup, « réservées » à l’Humain, de gagner du temps sur les processus « protocolisables », de faciliter la rédaction et l’accès aux notes de séances…
d’une part et
d’autre part,
– Vigilance sur la question de la confidentialité des données, le risque de perdre la maîtrise du processus de coaching/supervision, l’impact sur la « motivation » des clients à « penser par eux – mêmes », possibilité de voir la concentration du marche autour des grands cabinets capables d’investir dans ces Nouvelles technologies.

Mais globalement, je n’ai pas eu l’impression que mes pairs envisageaient un avenir où l’IA n’intègrerait pas nos champs de compétence.

Le format de la réunion même si elle permet de bénéficier d’un apport ne permet pas des échanges très approfondis…et je n’ai pas entendu de « voix dissonante » à commencer par la mienne.

Et pourtant, J’aurais pu dire que :
– à aujourd’hui il est encore possible de « remettre à sa place » une IA si on maîtrise bien son sujet, en lui montrant ses contradictions et limites,
– cette dernière est censée retenir les données qui lui sont transmises pour les faire siennes; plus on va interagir avec l’IA plus on va la faire progresser, comme pourrait le faire un esprit humain,
– à terme qui sera le client coaché ou supervisé, qui va « bénéficier » de l’apport de l’accompagnement ?
– les détracteurs de l’IA affirment qu’il ne s’agit là que d’un ordinateur perfectionné qui singe une intelligence; si ChatGPT retient les données et peut les restituer à d’autres personnes. Ce que vous confiez à ChatGPT, il peut le donner à autrui, sans aucune confidentialité. Éthique & Déontologie vont être bien impactées !!!
– a contrario il sera possible peut être de débattre de tout avec une IA, ce qui n’est pas le cas dans des groupes humains. Une IA qui ferait preuve de plus d’ouverture et d’esprit critique en confrontant toutes les idées au-delà des croyances et des réputations….permettrait de faire avancer la recherche dans tous les domaines, y compris en coaching / supervision.

Une IA qui peut simuler le discours d’un humain, aujourd’hui générateur de langage très performant, demain en le couplant à un synthétiseur de parole, un jour d’images, l’illusion ira croissant.

La question est : ses concepteurs en développant l’IA dans le but de rendre aux êtres humains des services positifs présentant une large palette, ont ils pensé que c’est un outil potentiellement redoutable destructeur d’emplois (…), de manipulation et d’infantilisation des individus et des masses humaines ?

Comme dans beaucoup de sujets, mieux vaut suivre l’avis de ceux qui savent mieux que nous, les spécialistes.
Et il est intéressant d’apprendre que Elon Musk et plus de 1000 certains Experts ont proposé de faire une pause de 6 mois jusqu’à fin 2023…même si son caractère immédiatement ludique fait qu’il va être compliqué d’envisager un moratoire et un contrôle quelconque de son développement. Comme disent les Anglo-Saxons : « Le chat est hors du sac ».

On peut même aller plus loin.
L’apparition de l’informatique a été une révolution comparable à l’invention de l’imprimerie. L’apparition de l’intelligence artificielle peut être comparée à l’invention de l’écriture et du graphisme, en tant que moyen de manipuler des formes et des symboles.

Quel seront les stades suivants ?
– coupler cette IA avec la technologie des robots,
– doter ceux-ci de la fonction de reproduction, de la faculté de pouvoir créer des clones d’eux-mêmes, voire d’améliorer ceux-ci, et de la faculté de se réparer, ce qui leur conférera des durées de vie illimitées.

Dénués de besoins, de désirs, de revendications, ignorant l’injustice, n’ayant pas besoin de sommeil ou de repos, les robots intelligents de l’avenir s’imposeront pour remplacer les hommes dans toutes les tâches et travaux dont ceux-ci se chargent encore. (…)

Il ne s’agit plus de penser si nos métiers de Coachs et superviseurs vont disparaître
– Oui / non ?
– avant / après d’autres métiers ?
– à quel horizon ?

Non il s’agit de considérer que si nous nous installons dans cette ligne de temps où nous intégrons l’IA dans nos vies ( perso & prof) sans réfléchir à tous les impacts, se contentant de suivre le mouvement (les clients l’adoptent, alors nous aussi), alors nous favorisons la vision d’un monde comme celui décrit par I Asimov où

« une oligarchie d’humains se verra servie par une armée de robots. Des hommes qui lutteront alors désespérément pour prolonger vie et jeunesse et se retrouveront de manière inéluctable confrontés à l’ultime question, celui de leur rôle dans l’univers ».

A suivre ….