Chercher la vérité et s’extraire des opinions, qui pourraient s’avérer être des affirmations vides de toute réflexion.
« L’opinion se situe entre l’ignorance et la science. Mais l’opinion vraie (inconsciente de ses raisons), même si elle est inférieure à la science, est tout aussi utile en pratique ». (Platon).
Les idées permettent de créer des modèles ; les modèles renvoient à une réalité idéale qui existe au-delà de l’esprit.
Le dialogue permet de placer les interlocuteurs sur un même plan, et créé un débat d’idées contradictoires.
Le dialogue permet la polémique, l’affrontement des idées ; la polémique oppose des personnes, à la différence de la réfutation, qui oppose des idées.
Réfuter certaines affirmations est nécessaire à la poursuite du raisonnement. Dans un débat, il faut échanger des idées en confrontant des points de vue, ce qui l’éloigne du combat.
Considérer une affirmation réfutée comme une critique et le débat n’existe plus et la confrontation d’idées différentes se termine en combat.
Aujourd’hui certaines affirmations sont posées et semblent échapper à la discussion; celles /ceux qui les proposent finissent par les imposer comme une « vérité non discutable ».
Il n’est plus possible de discuter, d’ouvrir le débat, de proposer des arguments ou des visions différentes, les échanges sont réduits à des positions (postures?) POUR/CONTRE.
Il y a eu :
– port du masque Oui/Non ?
– distanciation sociale et confinement Oui/Non ?
– acceptation de l’injection Oui/Non ?
…Et puis on a vu apparaître les drapeaux jaune et bleu : qui sont les méchants qui sont les gentils ?
…Et maintenant : le réchauffement climatique : qui est responsable ( et coupable) ?
Le débat nous maintient en lien avec l’Autre et permet des échanges fructueux.
L’absence de débat met l’ Autre à distance, voire le rejette quand il ne s’agit pas de le détruire (accusation, dénigrement, menace, …).
Pourquoi ce besoin de réduire le débat à une polarisation POUR/CONTRE ? Peut être la dissonance cognitive.
« Je sais seulement que je ne sais rien » est une phrase célèbre attribuée au philosophe grec Socrate où il nous invite à considérer qu’une certaine sagesse vient précisément de la reconnaissance de l’ignorance.
Et cela nous suggère qu’il n’y a pas de vérité absolue, nous encourage à vérifier la limite de la connaissance que nous pouvons avoir sur les choses. Il est important de garder la disponibilité et la volonté d’apprendre, ainsi que d’acquérir de nouvelles connaissances.
– D’un côté, l’ignorant pense qu’il sait tout, qu’il a raison et n’est même pas conscient de sa propre ignorance.
– De l’autre côté, le sage reconnaît qu’il a encore beaucoup à apprendre des autres et de l’environnement, s’il souhaite élargir ses connaissances et acquérir de nouvelles perspectives sur un sujet.
Ainsi Socrate exposait ceux qui croyaient avoir raison et propose avec cette phrase, une ligne de démarcation entre le sage et l’ignorant : reconnaître que la connaissance n’a pas de limites, que tout n’est pas exprimé ou dit, est ce qui sépare le sage du vrai ignorant.
L’explication de la polarisation POUR/CONTRE serait liée à une perte de « sagesse » ? Ce serait oublier le phénomène de la Dissonance cognitive.
La dissonance cognitive, c’est quand une pensée entre en conflit avec les autres pensées qu’on a dans la tête, à un moment donné.
Une personne rentre potentiellement en dissonance cognitive quand une idée vient ébranler son édifice mental, son « cadre de référence ». Ce « n’est pas grave docteur ? » non sauf dans les cas où l’individu rejette une pensée de peur de fragiliser son édifice mental.
Dans ce cas, l’individu se rend imperméable à toute pensée dissonante, s’empêche littéralement de penser et d’ouvrir de nouveaux horizons à sa compréhension du monde, qui pourraient le rapprocher davantage de la vérité de la réalité. Il « met la tête dans le sable » comme une autruche qui refuse de voir.
Du coup, il devient si important de se protéger que la personne rationalise, ignore et même nie tout ce qui peut entrer en contradiction avec ses croyances fondamentales. Le débat n’est plus possible, l’écoute disparaît, et la personne montre un comportement de défense, de non écoute, ou d’agression …le combat a pris la place du débat.
Accepter des arguments au demeurant incroyables ou irrecevables, différents de tout ce qui a été cru sur un sujet, et leur donner de la crédibilité obligeraient à « recommencer à zéro tout le processus de compréhension de ce sujet, afin de recréer une vision du monde à nouveau compatible … et rassurante.
Comment lutter contre la dissonance cognitive et réintroduire la « culture » du débat ?
– Il s’agit de garder l’esprit critique, de rester ouvert à toute interrogation ou tout nouvel argument sur un sujet, même s’il entre en dissonance avec les connaissances/croyances que nous avons .
– Il s’agit même d’accepter de voir s’effondrer un édifice mental à cause d’un nouvel argument, car si la confrontation ou la réfutation suffit, alors l’édifice était fragile et il s’agira de rebâtir sur des bases plus solides .
– Il s’agit d’accepter que notre vision du monde n’est pas fixée une bonne fois pour toute mais qu’il s’agit au contraire de la faire évoluer afin qu’elle concorde au mieux avec la réalité expérimentée.
« Chaque vérité passe par trois étapes. La première est celle d’être ridiculisée, la seconde est celle d’être l’objet d’une vive opposition, puis la troisième étape est celle d’être acceptée comme une banale évidence ». (Arthur Schopenhauer)
Conclusion
Accepter l’idée que nous pouvons tous entrer en dissonance cognitive fait partie de la compréhension de nous même en tant que personne pensante.
Comprendre la dissonance cognitive c’est être mieux préparée au débat d’idées, à recevoir des vérités qui peuvent déranger voire choquer même.
Renforcer sa capacité à affronter la réalité telle qu’elle est c’est aussi éviter d’être manipulé par l’extérieur et préserver sa souveraineté.
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