ALORS QUE NOUS SOMMES AU BORD DU PRÉCIPICE, QUE DIRE ET QUE FAIRE POUR LES COACHS & AUTRES PROFESSIONNELS DE L’ACCOMPAGNEMENT ?
ou
Éléments de réflexion autour de pratique & éthique

alors que 2022 s’achève et que 2023 pointe son nez…

Pour partage, contradiction et enrichissement .

La crise serait elle finie et serait-on entré dans une ère « post-Covid ?
Certains appellent à se projeter définitivement vers l’Après-Crise CV19.
On a aussi entendu de-ci de-là des personnes proposant de « faire une armistice » pour oublier …et repartir à 0 ?

Est ce raisonnable ? Je ne le pense pas.
La crise est là, et si « post – Covid » il y a, ce n’est rien de plus qu’un « avant – autre chose ».
Les traces (séquelles) de la façon dont a été gérée la « crise sanitaire » sont encore fraîches, il serait « simpliste » de croire que cette page va pouvoir être tournée rapidement.
La peur a été placée au centre de nos vies, professionnelles et personnelles.
Qu’en reste-t-il au sein des entreprises ? Et qu’est ce que les Coachs qui accompagnent des Managers, des Dirigeants et leurs équipes en disent ?

Quelles visions/propositions émanant des Coachs professionnels, ou d’un groupe représentatif ? :
– (Re) découvrir l’Intelligence Émotionnelle versus :
l’intelligence analytique et rationnelle,
l’intelligence entrepreneuriale,
l’intelligence sociale (avec les chevaux),
l’intelligence de la voix.
– Découvrir ses ressources insoupçonnées, inexploitées pour améliorer la connaissance de Soi / la relation à l’Autre / l’adéquation aux besoins de l’organisation.
Sentir / prendre conscience / assurer / gérer / utiliser sa vulnérabilité et sa « spécificité ».
Enrichir ses « grilles de lecture » pour mieux comprendre son environnement en y intégrant :
le modèle des 4 Éléments : Eau / Terre / Feu / Air – I. Jacob,
les 5 Dimensions : physiques, affectives, rationnelle, sociale et éthique – l’approche Gelstat
les 6 Motivations – la Spirale Dynamique,
etc.
– Apprendre à travailler à une stratégie du changement ET d’adaptabilité à l’environnement avec l’agilité comportementale (réf les « Mad Skills »).
– Aider les organisations à devenir plus vivantes / équilibrées / moins cloisonnées / accueillantes et y promouvoir la transformation et la transition via l’entreprenariat et la gestion de conflit.
– Comprendre le fonctionnement du cerveau humain pour mieux comprendre le fonctionnement individuel / la relation à l’Autre et accompagner le changement.
etc.

Cette liste a été établie à partir des libellés de quelques uns de Ateliers du colloque national de l’EMCC France, qui a eu lieu mi octobre 2022, qui a accueilli Coachs, Managers, Dirigeants et Responsables RH.
Je n’ai pas pu y assister, ni en présentiel ni en distanciel, mais j’avais pris le temps d’écouter les présentations (2 mn) faîtes par les Animateurs d’Atelier. Je me disais que je trouverais là les «tendances lourdes» du marché en cette fin 2022/début 2023…et que cela m’aiderait moi-même à me projeter.

A la fin de cette écoute, j’étais entourée d’un nuage de mots clés : vulnérabilité , puissance, mutation, crise & gestion de crise, social & sociétal, réussite , coopération vs conflit, ressource, conscience, intelligences(s) individuelle et collective, diversité , …démocratie (profonde )….

Les intentions entendues de mes pairs à l’attention des participants sont autant d’invitations et de permissions à :
– se reconnecter à des fondamentaux pour en (re)découvrir la puissance & l’étendue dans leur champ d’application,
– proposer (aux Managers, Coachs, RRH) des « clés pour comprendre » et des « outils concrets pour agir ».

Derrière les propositions, quels enjeux ?
Dans une Newsletter éditée par un des Superviseurs de Coachs que je suis régulièrement *, j’ai lu :
« Les Dirigeants doivent comprendre que les crises engendrent la peur, la colère, la frustration et parfois même la résistance. Créer des environnements de travail collaboratifs est aussi important que de développer l’empathie, la coopération, la reconnaissance et la confiance. Il est essentiel d’éviter le contrôle et d’éliminer les distances qui présupposent les hiérarchies, de se rapprocher émotionnellement des collaborateurs. Les compétences interpersonnelles sont essentielles dans l’ère Post COVID ».
…je retrouve certains mots clés…

Pourrait-on se risquer à une synthèse en énonçant que ?
– pour que les Leaders/Managers puissent affronter et gérer le «monde post-Covid» le travail sur les émotions est central
– pour que les équipes puissent être (re)motivées, pour faciliter la coopération, « gommer » les distances et (re)donner confiance sont nécessaires …
Et en arrière plan, des questions :
quelles compétences à développer pour le Leader post Covid ? Empathie, Humilité & Agilité, Management dans le chaos, …?
quel équilibre à trouver dans les organisations entre individuel & collectif ?

Faire un bilan pour mieux se projeter : sans aucun doute.
Faire un « reset » sans tenir compte du passé : risqué .
Se pourrait-il qu’il y ait en cette ère « post-Covid » chez les Coachs, Consultants, Superviseurs, comme dans le reste de la population d’ailleurs, des peurs et des croyances ? On observerait 2 tendances :
– N°1 . Le plus important est de trouver les outils et les modèles pour pouvoir accompagner (rassurer) leurs clients, et ainsi assurer la continuité du business pour certains, la survie pour d’autres… avec en toile de fond une croyance : « il n’y en aura pas pour tout le monde »…

ou bien
N°2 . Le plus important est d’intégrer qu’il y a eu une rupture et s’interroger autour de la Vocation + les grandes Missions + les Défis du métier afin d’en redéfinir, peut être les contours, et en tout cas en assoir la légitimité auprès des différents interlocuteurs … avec une autre croyance : « rien ne sera plus comme avant »…

Il est sans doute plus facile dans des événements type colloque de travailler sur le N°1 que sur le N°2.
Les partages des différents points de vue et outils peuvent permettre à certains participants d’en retirer comme un «prêt à penser/dire» et identifier les bons outils prêts à l’emploi qui peuvent être proposés aux clients.

Mais comment travailler avec les clients autour de la Confiance, la Coopération, les relations interpersonnelles en oubliant ou ignorant que, justement, la période des 2,5 années passées a bien mis à mal ces notions avec :
– l’exclusion d’une catégorie de personnes, celles qui ont refusé de se faire injecter,
– les mises à distance physiques, émotionnelles et sociales,
– la perte de confiance, la montée de la colère, l’accumulation des ressentis, la généralisation de la peur,…
Il y a des risques : méconnaissance, présomption et erreur d’appréciation.

Faut il s’installer dans un modèle « après crise » ?
La tentation est forte de chercher les tendances « à la mode » que des clients qui, pour beaucoup, ont vu « exploser le réel », réclament . Ce serait réducteur, pourrait empêcher de travailler sur les « vrais » besoins, voire même cela poserait quelques questions éthiques.

Pourtant chercher l’approche ou l’outil ou le modèle qui va plaire ou rassurer est légitime :
– Il y aurait chez les Coachs installés le désir de défendre leur « singularité/spécificité », peut être de trouver une niche, en augmentant leur visibilité, s’assurant ainsi le développement de leur activité.
– Il y aurait chez les Coachs « nouveaux entrants » le besoin de trouver une place (sous le soleil) et de gagner en légitimité auprès de leurs clients, en proposant des outils prêts à l’emploi et qui ont fait leurs preuves.

Mais y aurait -il une autre façon de voir les choses ?
La période a été marquée par une folie où beaucoup de valeurs et de points de repère ont été bousculés. Faisons l’hypothèse que les coachs comme leurs clients ressentent une forte nécessité de se re-connecter au réel, pas au récit proposé, non, à la réalité de la situation.

Du coup, il serait important et urgent de :
– re-investir dans les fondamentaux,
– se remettre d’accord autour d’une réalité partagée, (je dis bien réalité et non récit),
– retrouver les marges de manoeuvre, travailler les limites,
– prendre le temps de la «purge», laisser ex-primer ce qui a été contraint, gardé, caché, ….

 

Pour faire cela il semble pertinent de proposer un travail, autant aux Coachs qu’aux clients, autour :
des émotions & l’ Intelligence Émotionnelle,
– de la coopération & l’ Intelligence Collective,
– du lien et des frontières entre Individuel et Collectif,

 

 

 

Et que peut on attendre de l’ « Après-après » ?

Gageons que nous ne pourrons pas nous arrêter là et nous dispenser d’une réflexion profonde autour du développement de nos métiers quand les nouveaux paradigmes seront opérationnels.

Il s’agira alors de se regarder dans le miroir avec bienveillance mais sans complaisance pour se poser les questions :
– (à) quoi allons nous « servir » ?
– quelle peut être notre valeur ajoutée ?
– ou situer la limite entre notre observation et notre intervention ?
– sur quels sujets pourrions accepter d’assumer une part de « militantisme » ?
La protection de l’ environnement ?
La défense de la diversité des genres/cultures/races/…?
La préservation des valeurs que nous ont transmis nos Maîtres à penser  qui sont les piliers de nos métiers de l’accompagnement : Inclusion, Autonomie, Responsabilité, …?

Et il y aura aussi peut être à se retourner et à regarder avec courage ce que nos professions ont accepté de faire :
– en dehors de leur champ déontologique,
– en dehors de leur champ de compétence,
– en dehors de leur engagement éthique.