Postulat : Le phénomène totalitaire doit recourir à la fraude et à la corruption pour déployer son emprise.

1. Le phénomène totalitaire fonctionne à l’idéologie : une croyance qui n’est ni logique ni ne correspond à la réalité de l’expérience.
L’idéologie se déploie grâce à un discours dogmatique et sectaire qui fait en sorte que les personnes adhèrent à la propagande de masse, acceptant du coup d’adapter leur comportement à ce discours. Les personnes n’ont plus accès à leur esprit critique et, « soumises », elles acceptent de commettre des actes qu’elles n’auraient pas commis sinon.

2. Pour imposer la « réalité » de cette idéologie, et pouvoir le faire sans débat, il faut corrompre :
– corruption des moeurs, (stigmatisation, refus de droits à certains groupes, ..)
– corruption des experts,
– corruption du langage avec la novlangue,
– corruption institutionnelle de la population avec, par exemple :
des primes versées à ceux qui appliquent les mesures,
des habilitations données à des professionnels hors de leur champ de compétences pour    qu’ils appliquent les directives,
une modification de la condition d’exercice du métier non plus en fonction d’un diplôme mais de l’acceptation de se soumettre à une injonction (chantage).

3. Des personnes se sont laissées corrompre …et finissent par faire autre chose que leur métier.

– soit pour l’argent ou une reconnaissance professionnelle (poste, promotion, visibilité accrue),
– soit par sacrifice à la patrie ou pour « la santé pour tous »,
– soit pour obéir à l’idéologie, en « toute bonne foi ».

C’est ainsi que des patrons de restaurant se mettent à contrôler l’accès à leur établissement, par idéologie et non par intérêt, car limiter l’accès à leur restaurant n’est pas leur intérêt.

 

Une corruption venant du haut ajoutée à la destruction des liens entre les personnes ont eu un impact sur certains professions en faisant bouger les lignes; les personnes ne restent pas dans leur champ de compétence, elles finissent par faire autre chose que leur métier.

On a observé que certains professionnels ont comme « tourné le dos » à leur métier/vocation, en sortant de leur cadre déontologique. Par exemple il n’a pas été demandé aux médecins pendant cette crise sanitaire de soigner selon leur conscience, mais d’appliquer des directives, les emmenant très loin de leur déontologie notamment face à la question du respect du consentement éclairé.

4 . Dans ce contexte où les liens ont été détruits, comment ont réagi les professions qui basent leurs activités sur des valeurs humanistes comme l’Inclusion, la Bienveillance, la Solidarité, …?

Jusqu’à ce que les premières interdictions, obligations, restrictions ne s’imposent, l’exercice de ce type de métier ( thérapeute, coachs, consultants, formateurs, entraîneurs sportifs,…) impliquait de pouvoir créer des espaces où la diversité était première : diversité des opinions, des expressions politiques, des représentations du monde, des comportements …

Force est de constater qu’un conformisme à outrance et l’uniformisation de la pensée/discours/comportement qui ont accompagné la dérive totalitaire, ces métiers se sont eux aussi éloignés de leur déontologie et de leur sens de l’éthique.

On a vu dans certaines fédérations professionnelles des personnes exclues des colloques et autres réunions professionnelles parce qu’elles ne partageaient pas le dogme dominant : on peut citer les psychologues, mais ils n’ont pas été les seuls dans ce cas.

 

5. Pendant tout ce temps, où étaient les valeurs d’Inclusion, de Diversité, de Bienveillance et de Solidarité ?

Elles étaient omniprésentes, dans la bouche des professionnels reconnus, sur les chartes murales, dans les Codes de Déontologie, sur les murs des dojos et autres lieux d’entraînement, …Sont elles devenues des valeurs de façade, des mots creux, derrière lesquels ont été pratiqués plutôt le Jugement, la Stigmatisation, l’Accusation et l’Exclusion,…?

Pourquoi n’ a t on pas pris le temps de suspendre la pensée et le jugement (épokè), plutôt que de se soumettre si rapidement aux injonctions ?

Pourquoi ne pas avoir davantage interroger ce qui était imposé par les clients, ou par les propriétaires des lieux d’accueil, ou par les organisateurs d’évènements, au lieu d’accepter, souvent la boule au ventre. De quoi avait on peur ?

Si cela s’est passé, pourquoi ? Par passivité, démission ou soumission ? … ou trahison ?
Si, pour exercer un métier, on doit appartenir à certains cercles, être adoubé(e) par certains groupes, être autorisé(e) à pénétrer certains lieux, alors, ne pas être d’accord avec le discours dominant, et l’exprimer, s’avère « dangereux » et mènera à la bouc-émissarisation ou à l’exclusion définitive.
De façon certaine, un « pas de côté », une prise de parole qui met en opposition avec une doxa, peut coûter très cher. Perte de contrats ou perte d’une certaine visibilité au sein des groupes de pairs et pour finir exclusion des modes de « cooptation » qui pourraient être appliqués quelquefois.
Une forme d’allégeance est devenue obligatoire pour ne pas perdre financièrement ou socialement.

Mais des professionnels ont adhéré complètement au discours, sans doute parce que le discours de l’idéologie peut être séduisant, et que cela peut éviter la confrontation à la réalité de l’expérience.
Parmi ceux là, il y a celles et ceux qui ont suivi des cursus très universitaires et quelquefois de très haut niveau. En France, les institutions universitaires sont très conventionnelles, finalement très peu ouvertes au sens critique. Pour éclairer cela, il faut penser au nombre d’universitaires qui ont été sanctionnés simplement pour faire leur métier c’est à dire exercer leur esprit critique.

6 . Pourquoi n’y a t il pas eu au sein de certaines professions davantage d’efforts pour faire vivre la diversité des points de vue ?

Nous avons été nombreux à constater que celles /ceux qui n’étaient pas d’accord, qui se questionnaient – oubliant au passage que le questionnement est à la base de l’approche philosophique qui « nourrit certaines des professions évoquées ici – étaient accusées d’être sectaires alors que le propre de la secte est d’exclure et que l’exclusion venait d’ailleurs ?
Rappelons que tout cela n’a été possible que grâce à la corruption, or corruption vient du latin corrumpere = briser complètement, détériorer, physiquement ou moralement.

Après coup, on pourrait dire qu’ il est facile de critiquer. Faut il envisager l’amnistie comme le proposent certains ? Même si on ne peut pas évoquer une amnistie si dans la plupart des cas il n’y a pas eu faute, elle autoriserait l’oubli et permettrait de « tourner la page »amnistie/amnésie ?

Il semble plus intéressant, et utile pour celles et ceux qui voudraient faire cet effort, de comprendre.
Car face aux injonctions, aux interdictions, aux obligations, voire aux menaces, ont aurait pu, tout au contraire :
– inclure des formes de questionnements différents,
– ouvrir et inviter au débat, à la discussion,
– admettre que différents points de vue pouvaient exister et les entendre,
…ceci est de l’inclusion et c’est aussi la marque de notre imperfection à saisir la complexité qui nous entoure .

Ce moment, ces 2,5 ans ont été marqués par des discours, des postures remplis de « certitudes délirantes » : « nous savons, nous prenons des décisions parce que nous savons … » là où la démarche philosophique consiste à assumer que « je sais que je ne sais rien » …

Pour celles et ceux qui sont dans les sciences humaines, on aurait du se souvenir que, quelques soient les approches, c’est à partir des différences que doit s’élaborer la discussion, à partir de lunettes différentes, à partir de l’approche du voisin en y incluant un dialogue.

On aurait pu essayer de ne pas oublier qu’il n’y a aucune démarche humaine qui soit exhaustive, et surtout pas une science d’étude de l’ Humain.

CONCLUSION

Imperfection et incertitude auraient du être fondamentales en cette période de déferlement totalitaire, où l’approche et l’analyse des situations auraient du tenir à l’écart la démarche sectaire, évitant ainsi la dérive sectaire qui vise à exclure certains au motif qu’ils ne seraient pas « ceci ou cela », qu’ils ne penseraient pas « comme il faut »…
Il aurait fallu chercher au contraire ce qui nous rassemble et nous unit dans notre imperfection au lieu de créer la séparation, voire l’opposition.

 

Source A Bilheran  » La fabrique du consentement »