Perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l’emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir, corruption morale, … il s’agit là de quelques-uns des symptômes d’une maladie mentale récemment répertoriée « le syndrome d’hubris ».

Où frappe la maladie ?

Dans le monde des affaires, de la politique ou dans tout autre domaine où le fait d’occuper un poste de pouvoir peut transformer la personnalité de l’heureux(se) élu(e).

Si un changement physiologique est avéré, la psychiatrie et la psychologie s’occuperont toutes deux du problème.

Mais c’est peut être un Coach qu’on va solliciter pour accompagner un Manager récemment promu, ou un Leader controversé par son équipe : fierté extrême, confiance excessive et qui traitent ses collaborateurs avec insolence et mépris, ne sont en effet pas compatibles avec les exigences de la hiérarchie notamment en terme de performance et de réactivité. Un tel comportement a peu de chance de générer la confiance, l’adhésion et l’engagement.

Méconnaissance dérivant d’un pouvoir excessif ou trouble de la personnalité ?

Dans ses Discours, Pascal jugeait utile de rappeler aux puissants que leur détention du pouvoir tenait avant tout du hasard : « Surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres […] tous les emportements, toute la violence, et toute la vanité des Grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont. »

Le syndrome d’Hubris serait un trouble de la personnalité unique et acquis qui ne se développe qu’après qu’un Dirigeant ait occupé le pouvoir pendant un certain temps, applicable que s’il n’y a pas d’antécédents de maladie psychiatrique.

Syndrome d’hubris et leadership ?

  • Le pouvoir exerce une fascination indéniable, jusqu’à faire oublier la condition de simple mortel. L’hubris fait référence à un excès de pouvoir (hýbris : concept grec qui signifie “disproportion”).

David Owen, ancien ministre dans le gouvernement britannique, a théorisé dans son livre (« The Hubris Syndrome: Bush, Blair and the Intoxication of Power » 2012 ) que hubris et leadership seraient liés : L’arrogance peut être considérée comme un aspect malheureux du leadership, mais un certain degré d’arrogance est le prix à payer pour un grand leadership…le syndrome d’hubris est à considérer comme une extension naturelle, ou du moins pas inattendue, de la confiance et de l’ambition requises de quiconque cherche à obtenir le pouvoir .

  • Le pouvoir est une drogue intoxicante,et tous les dirigeants ne sont pas capables d’y résister. Pour Owen, il faut une combinaison de bon sens, d’humour, de décence, de scepticisme et même de cynisme qui traite le pouvoir pour ce qu’il est : une occasion privilégiée d’influencer et parfois de déterminer la tournure des événements.

 

Comment savoir si la personne est atteinte ? Voici les 14 Symptômes identifiés par David Owen :

1 – Inclination narcissique à voir le monde comme une arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire.

2 – Prédisposition à engager des actions susceptibles de présenter l’individu sous un jour favorable, c’est-à-dire pour embellir son image.

3 – Attrait démesuré pour l’image et l’apparence.

4 – Façon messianique d’évoquer les affaires courantes et tendance à l’exaltation.

5 – Identification avec la nation ou l’organisation, au point que l’individu pense que son point de vue et ses intérêts sont identiques à ceux de la nation ou de l’organisation.

6 – Tendance à parler de soi à la troisième personne ou à utiliser le « nous » royal.

7 – Confiance excessive en son propre jugement et mépris pour les critiques et les conseils d’autrui.

8 – Impression d’omnipotence sur ce que l’individu est personnellement capable d’accomplir.

9 – Croyance, qu’au lieu d’être responsable devant ses collègues ou l’opinion publique, le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l’histoire.

10 – Croyance inébranlable que le jugement de ce tribunal lui sera favorable.

11 – Perte de contact avec la réalité, souvent associée à un isolement progressif.

12 – Agitation, imprudence et impulsivité.

13 – Tendance à accorder de l’importance à leur« vision », à leur choix, ce qui leur évite de prendre en considération les aspects pratiques ou d’évaluer les coûts et les conséquences.

14 – Incompétence « hubristique », lorsque les choses tournent mal parce qu’une confiance en soi excessive a conduit le leader à négliger les rouages habituels de la politique et du droit.

Sept des 14 symptômes sont également des symptômes du trouble de la personnalité narcissique et 2 symptômes sont le trouble de la personnalité antisociale et le trouble de la personnalité histrionique.

Pour être atteint du syndrome, il faut présenter au minimum trois symptômes

 

CONCLUSION

Des Dirigeants politiques atteints ? Oui mais ils ne sont/seront pas les seuls !

Les nombreuses biographiques disponibles sur des personnalités politiques ont permis de déceler que beaucoup étaient concernés. Mais considérant que le syndrome d’hubris est lié au pouvoir, toute personne en position de pouvoir, comme les Dirigeants d’entreprise, ou Leaders d’organisation peut souffrir de ce syndrome.

Des gens au comportement honnête face à l’accumulation du pouvoir au fil des ans, deviennent corrompus.

C’est pourquoi, dans toute société développée, tout signe de despotisme doit être contrôlé par un système social et politique qui délimite le pouvoir qui revient à une seule personne.