Aujourd’hui Coachs et le Superviseurs sont tous les deux très présents au sein de notre société, et plus particulièrement au cœur des organisations où on leur demande d’intervenir .Partenaires des DRH ou des DG, ils sont acteurs dans tous les secteurs d’activité, à tous les niveaux hiérarchiques, auprès des personnes comme des groupes.

Le Coaching et/ou la Supervision peuvent ils être considérés comme une réponse adaptée à la crise des sociétés issues de la modernité ?

Quoique l’on pense de l’ « utilité » de leurs interventions, ou même de leur « légitimité » à intervenir,

  • que l’on considère que le coaching s’inscrit dans la filiation des approches psychothérapeutiques et notamment celle de la psychologie humaniste (Carl ROGERS) et vise « la pleine réalisation du potentiel humain par la prise de conscience »,
  • ou, au contraire, du côté « obscur », que les Coachs, en plus de ne pas être tous « bons », sont un peu des usurpateurs et des imposteurs.

Que l’on écoute ceux qui parlent de coaching en disant :

  • le coaching n’est pas autre chose que le corrélatif de la mise en place d’un pratique de normalisation sociale » (1) …comme Foucault disait de la liberté qu’ « elle n’est pas autre chose que le corrélatif de la mise en place des dispositifs de sécurité »,
  • le coaching répond à des besoins humains exponentiels qui se situent à la croisée des chemins, entre le monde de l’entreprise et le monde de la thérapie, et que du coup, qu’il faudrait 1 coach pour 50 habitants (2),
  • ou bien au contraire, que le coaching est comme un «recyclage néolibéral de la psychologie humaniste»,…

Peut importe finalement, nous sommes là et beaucoup d’entre nous sont très impliqués et investis dans l’évolution de nos métiers.

 

Ce que j’ai envie de partager et qui pourrait être enrichi :

1. Le marchand de sens ne passe plus .

Les conditions stressantes de la vie (professionnelle et personnelle) rendent nécessaire le travail sur soi (confiance en soi, maîtrise de soi, estime de soi, développement de soi), mais c’est aussi la faillite des instances dispensatrices hier de sens (religion, famille, patrie, parti,…).

Dans nos pratiques professionnelles, nous observons quelquefois la prégnance d’un discours centré sur l’uniformisation et la rationalisation. Nous voyons des organisations, basées sur des logiques économiques (et politiques) et qui proposent des modèles managériaux qui visent à déployer intelligence collective et responsabilité individuelle, mais qui « en même temps » enferment quelquefois les personnes dans des « jeux » d’injonctions paradoxales qui les laissent bien seules sur ce territoire nommé autonomie.

 

2. Rien ne se passe comme prévu …et cela ne va pas s’arranger !

Devons nous attendre pour demain l’apocalypse et pour après demain le retour glorieux d’un Sauveur ? Non !

C’est « l’incertitude qui occupe désormais la place vacante de l’avenir. Le récit du passé est illisible et l’avenir indéchiffrable » (3) .

Coachs et Superviseurs, nous agissons comme des cartographes, nous sommes des «experts» de la relation interpersonnelle et de la dynamique des groupes*, mais surtout, la plupart d’entre nous nous sommes prêts à aborder sans détour les questions existentielles.

* Voici une proposition de définition qui ne précise pas les différences entre coaching et supervision, ni même mentorat, mais ici n’est pas le propos.

 

3. Que doivent/peuvent faire les Coachs et les Superviseurs ?

Dans nos métiers nous sommes directement concernés par les transformations qui traversent nos sociétés.

En tant que professionnels de la relation d’aide, nous sommes témoins, dans notre pratique quotidienne, dans nos institutions, de nombreuses situations que nous pourrions vouloir étudier, révéler, « dialectiser ». Peut être que certains parmi nous sont aujourd’hui déstabilisés voire meurtris ?

Du coup, en tant que membre à part entière du « corps » social nous aurions à la fois une place de «victime » des transformations que les organisations subissent de plein fouet, et « témoin » des conséquences que ces changements opèrent pour les individus et les groupes, (notamment les plus fragiles, notamment sur les questions d’éthique).

A partir de nos places et de nos expériences, nous voyons évoluer les comportements « d’être ensemble », le fonctionnement à l’intérieur des organisations. Nous constatons qu’il se passe des choses provoquant une modification du contrat social, un délitement du lien humain, une remise en cause de la place de la parole.

 

Et si le temps était venu de s’interroger sur vocation/mission/raison d’être de nos professions ?

Ne serions nous pas à des places « d’avant-poste » pour signaler les tendances lourdes qui s’installent, peut être même les catastrophes sociales à venir ?

Coachs et Superviseurs, nous serions les canaris de nos sociétés post modernes ?

…à l’image de ces oiseaux qui descendaient avec les travailleurs dans les mines pour prévenir des intoxications et des coups de grisous.

Il ne s’agirait pas de chercher à défendre le statut d’une parole corporatiste.

De plus, en tant qu’individu, Coach et/ou Superviseur, quelque soit nos champs d’intervention, on ne peut pas et ne doit pas chercher à « nourrir notre désir de sujet » à prendre la parole.

Il s’agirait de choisir de parler à partir d’un désir commun. Il s’agirait d’interroger notre intention/action, en tant que communauté professionnelle de :

– soutenir le lien social,

– discuter et interroger la responsabilité citoyenne, peut être liée aux types de professions que nous exerçons,

– réfléchir à un positionnement qui croiserait éthique et politique, au sens le plus noble du terme,

– éviter la « plainte » d’une part et la « tout puissance » d’autre part,

– habiller de nos mots ce que nous vivons, ni pour se résigner ni pour se rebeller, mais des mots pour filtrer et infiltrer un discours qui n’est parfois pas assez « nuancé » et multiple,

– sortir d’un espèce de déni, sans être dupe des enjeux sociétaux,

– inventer à plusieurs, à partir de l’histoire de chacun, à partir des divisions qui existent dans nos groupes et de la diversité des femmes et des hommes qui les font vivre.

Ces réflexions vous intéressent ? Parlons en !

Sources : (1 & 3) R Gori et P Le Coz – (2) V Lenhardt