La fenêtre d’ Overton* désigne :

– la gamme d’idées que le public peut accepter à un moment donné,

– la viabilité politique d’une idée qu’un politicien peut proposer sans être considéré comme trop extrême, pour gagner ou conserver une fonction publique,

– le degré d’acceptation d’une idée publique, …

* sociologue et lobbyiste américain Joseph P. Overton, années 1990.

Selon Overton la viabilité politique d’une idée dépend principalement du fait qu’elle se situe dans la fenêtre, plutôt que des préférences individuelles des personnalités politiques.

« Sa » fenêtre a une particularité c’est qu’elle fluctue et s’ajuste continuellement ; il serait possible de forcer son agrandissement pour y faire entrer à un instant « t » des idées jugées hier inacceptables.

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Qu’est-ce que le degré d’acceptation d’une idée publique selon la fenêtre d’ Overton ?

L’échelle est la suivante :

  • impensable ou inconcevable
  • radicale
  • acceptable
  • sensée
  • populaire
  • admises politiquement
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Une idée peut devenir plus ou moins politiquement acceptable…si la fenêtre s’élargit et se déplace !

En fait il s’agit d’agir sur l’opinion publique pour l’« éduquer » et lui faire accepter certaines idées  jusqu’alors jugées inacceptables… ce faisant on déplace, élargit ou réduit la fenêtre. Les idées situées au préalable en dehors de la fenêtre deviennent acceptables…et vice et versa.

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Qui peut déplacer la fenêtre d’Overton et comment ?

Overton a proposé un concept qui a été repris par les Leaders politiques et les spécialistes des médias :

communication auprès de leurs publics sur des sujets originalement considérés comme impensables/choquants par la société,

promotion d’idées jugées radicales ou impensables afin de les rendre acceptables, par comparaison avec des idées moins éloignées mais jusqu’alors considérées comme marginales,

radicalisation des discours tenus en public par des responsables politiques,

– mise en place de l’ignorance pluraliste : phénomène où « une majorité de membres d’un groupe rejettent en privé une norme, mais supposent à tort que la plupart des autres l’acceptent, et donc s’y conforment»,

– l’utilisation d’euphémismes(1) pour influencer l’opinion publique, permettant ainsi aux leaders d’éviter le mensonge très négatif pour leur réputation tout en ralliant les gens à leur façon de penser

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– introduction de novlangue (2) :

·     réduction du nombre de mots utilisés, particulièrement ceux qui désignent des concepts abstraits, et ce afin de restreindre le domaine de la pensée et son indépendance,

·     suppression de toutes les nuances de la langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent un discours manichéen et permet d’éliminer toute réflexion sur la complexité d’un problème : si tu n’es pas pour, tu es contre, il n’y a pas de milieu »,

·     raisonnements à l’affect, éliminant le débat, toute la discussion, et donc la potentielle critique.

– utilisation des 12 principes de la propagande (3)

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Généralement, ce ne sont pas les politiciens qui agissent sur la fenêtre en définissant dans leur discours ce qui est politiquement acceptable ; le plus souvent, ils y réagissent et le confirment. 

 

 

Une affaire de structure plutôt que de mots ?

Avoir recours à la fenêtre d’Overton dans un discours façon polémiste a ses limites.

Normaliser une position extrême par la multiplication de déclarations, oui ! Mais, dans l’esprit d’Overton, la fenêtre n’est pas qu’un espace de l’acceptable médiatique : elle cadre surtout « un état présent des idées, des mouvements sociaux, des normes et des valeurs partagées par la société ». 

Ainsi, si la fenêtre d’Overton s’élargit, c’est bien plus que l’effet d’une prise de parole hors cadre, c’est le signe d’un changement profond des représentations et des croyances d’une population.

Un tel dispositif, « qui permet de trier, parmi tous les énoncés possibles, ceux qui vont pouvoir être acceptables à l’intérieur […] d’un champ » n’est pas seulement une affaire d’individus et de déclarations médiatiques : il est le fruit d’une conception du monde collectivement partagée, une question de structure plutôt que de mots.

Il faut alors, pour mieux comprendre comment la fenêtre d’Overton s’élargit, discerner à travers les petites phrases les lames de fond qui ont rendues acceptables certaines idées.

CONCLUSION

Un déplacement, un agrandissement ou une réduction de la fenêtre d’Overton, sur un sujet donné, dans un contexte donné, opéré à la faveur d’événements historiques, de découvertes scientifiques, de prises de position politiques radicales, et plus globalement par tous ces éléments à la fois, permet de ;

– faire que les gens adoptent une rhétorique au départ « imposée », parfois même sans s’en rendre compte,

faire oublier aux personnes la provenance idéologique de ce qu’on leur dit, quelquefois même le sens véritable de ce qu’on leur dit,

conditionner une opinion publique, et amener ainsi les personnes à agir comme on veut, donc à les manipuler,

– et ainsi de préparer le changement… ce changement pouvant aller jusqu’à une lente évolution des valeurs et des normes sociales.

Il s’agit pour chacun d’entre nous de prendre du recul et d’observer ce qui a été considéré comme :

  • un acte anti-constitutionnel : le Référendum,
  • des comportements normaux : un enfermement de toute une population + une suspension du droit de se déplacer + une interdiction de s’asseoir sur une plage + le port d’un masque cachant la moitié du visage
  • un engagement pour défendre la Liberté : participer à un conflit comme co-belligérant…

(1) expression atténuée d’une notion dont l’expression directe aurait quelque chose de déplaisant, de choquant.

(2) langue officielle d’Océania, imposée par les dirigeants dans le roman « 1984 » de George Orwell.

(3) http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/2015-02-032/principes-propagande.